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France | Affaire Nabil Karoui: l’excès de zèle de Jean-Christophe Lagarde à l’Assemblée nationale

Crédit photo: ERIC FEFERBERG / © 2019 AFP


Lors d’une séance de questions au gouvernement français tenue, aujourd’hui, à l’Assemblée nationale, le président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), Jean-Christophe Lagarde s’est permis de s’immiscer dans les affaires judiciaires tunisiennes et la campagne présidentielle en critiquant l’arrestation du président du parti « Kalb Tounes » (« Au Cœur de la Tunisie », en français), Nabil Karoui, un publicitaire et magnat de médias, pour « fraude fiscale et blanchiment d’argent ».

« Le 23 août, le candidat à l’élection présidentielle, donné favori dans les sondages a été arrêté, incarcéré, il se trouve aujourd’hui derrière les barreaux, à tel point qu’hier, le débat entres les candidats à la présidentielle a eu lieu devant une chaise vide qui le représentait. », a déclaré le président du Groupe parlementaire UDI et indépendants en interpellant le Premier ministre français Edouard Philippe.

M. Lagarde, où avez-vous vu une chaise vide lors du premier grand débat diffusé en direct, samedi dernier, à partir de 21 heures, sur al-Wataniya 1 et 2, dont les images étaient reprises par d’autres chaînes TV privées? Et de quoi je me mêle ?

Et le député de le chef de l’UDI ne s’est pas arrêté à ce stade. Il a rajouté une louche, allant même à remettre en cause la crédibilité du processus de transition démocratique tunisien.

« (…) dans quelle démocratie voit-on trois semaines avant le premier tour d’une élection présidentielle, le principal candidat incarcéré sous le coup d’accusations d’évasion fiscale et de blanchiment. », a-t-il renchéri.

Toujours dans sa question adressée au Premier ministre français, Edouard Philippe; le chef du bloc centriste n’a pas fait dans la dentelle en appelant la France à « exprimer ses inquiétudes » et allant même à utiliser le mot « régime » (un terme utilisé par les médias français pour désigner un pouvoir dictatorial ou militaire-Ndlr) pour qualifier les autorités tunisienne.

« Je dirai en plaisantant, monsieur le premier ministre que d’habitude l’incarcération c’est pour éviter la fuite et quand on est candidat à l’élection présidentielle, c’est pas fuir, c’est peut-être le régime qui est en train de connaître une fuite en avant. », a conclu Jean-Christophe Lagarde.

Jean-Christophe Lagarde est-il le mieux placé pour critiquer la Tunisie?

Drôle de prise de parole indignée et moralisatrice d’un politique déjà cité à comparaître, en 2013, pour un dossier de marché accordé à un architecte pour la tribune du stade Guy-Môquet, à Drancy, selon des informations du Parisien.

Le quotidien français rappelle que le député centriste a également été « condamné fin décembre 2012 à 5 000 euros d’amende pour attribution illégale d’un autre marché public ».

Parallèlement, toujours d’après le Parisien, à cette époque le député-maire a dû rembourser (51 712 euros) à la municipalité de Drancy les frais qu’elle avait indûment engagés au profit de l’association politique du maire.

Et les déboires judiciaires de M. Lagarde ne s’arrête pas là !

En février dernier, le domicile du président de l’UDI et la mairie de Drancy en Seine-Saint-Denis ont été l’objet de perquisitions dans le cadre d’une enquête pour « détournement de fonds publics », avait souligné, le 24 avril 2019, l’Express avec l’Agence France-Presse (AFP).

« Une plainte, notamment pour détournement de fonds publics, avait été déposée en octobre 2017 par un conseiller municipal d’opposition, Hacène Chibane, qui s’interrogeait sur l’activité d’assistante parlementaire de l’épouse de Jean-Christophe Lagarde, Aude Lavail-Lagarde, entre 2002 et 2014. », a précisé l’Express en s’appuyant sur une dépêche de l’AFP.

Il est a mentionner que Mme Lagarde avait mis fin à ses fonctions à l’Assemblée nationale en 2014 après qu’un militant centriste avait accusé Jean-Christophe Lagarde de l’employer illégalement, rajoute l’Express.

Aujourd’hui, l’épouse du président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) occupe le poste de maire de Drancy, ayant succédé à son époux lorsque celui-ci a été réélu aux législatives de juin 2017.

Et on se demande si Jean-Christophe Lagarde est-il le mieux placé en matière de transparence pour s’ingérer dans une affaire judiciaire tunisienne voire même coller l’étiquette de « régime » aux gouvernants tunisiens ?

D’ailleurs, deux célèbres proverbes français disent: « Charité bien ordonnée commence par soi-même » et « Il faut penser à soi avant de s’occuper des autres ».

Après tout, la Tunisie n’a pas des leçons à recevoir ni de Jean-Christophe Lagarde ni de la France.

Heureusement que la réponse du Premier ministre français, Edouard Philippe était plus responsable que celle du député centriste et respectueuse du principe de non-ingérence.

« Organiser des élections dans un pays qui revient à la démocratie n’est jamais simple et n’est jamais acquis, c’est toujours un défi », a fait savoir M. Philippe. « C’est un défi que la Tunisie doit aborder avec confiance et qu’elle aborde, je crois, avec l’envie de montrer qu’elle n’a pas varié dans le choix fondamental qu’elle a réalisé », a-t-il mis en relief en affirmant que « l’objectif de la France, c’est de faire en sorte que ces échéances électorales se déroulent dans les meilleures conditions possibles ».

Enfin, il est à rappeler que la chambre d’accusation de la cour d’appel de Tunis a rejeté, mardi dernier, la demande de libération de Nabil Karoui, détenu à la prison de Mornaguia depuis vendredi 23 août 2019.

A bon entendeur, salut !


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Un commentaire

  1. Htm

    11 septembre 2019 à 10:20

    Ce qui se passe pour le candidat Karoui est une énorme régression démocratique, un asservissement du système judiciaire au profit du politique (on se demande bien cette arrestation sert à quel candidat en particulier).
    Karoui peut être un escroc certes, un procès est intenté à son encontre, laissons la justice suivre son cours en toute indépendance. L’arrestation de Karoui a été édictée et ordonnée depuis l’exécutif, ce qui est en soi très regrettable, c’est que justement on pensait qu’on en avait fini avec ces pratiques dictatoriales.
    Monsieur Lagarde avait absolument raison de parler de “régime “ , car, rafraîchissons-nous la mémoire, ces actuels exécutifs sont pour la plupart les anciens servants de Ben Ali…
    Tous mes remerciements pour l’interet que porte M. Lagarde au bon déroulement du processus démocratique Tunisien

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